Alors papa, ton retour se passe bien ?
C’est que tu comprends, n’ayant pas voté pour toi, je constate avec amertume que les raisons qui m’ont fait fuir les isoloirs ce jour-là étaient bien réelles, mais aussi bien justifiées, l’actualité Tamponnaise me confortant jour après jour dans mes décisions de fuir ce système que tu aimes tant.
Tu sais papa, quand tu as annoncé ton intention de revenir, un de mes neurones chargés de la bonne marche des poils internes de ma narine gauche n’a pas supporté le choc et à immédiatement demandé sa mutation pour devenir amibe dans le grand côlon… d’après lui, quitte à être pris pour de la merde, autant que cela se fasse dans les normes et le bon environnement.
Pour ma part, je n’avais déjà pas trop envie de me prendre la tête avec toutes ces contingences matérielles et l’annonce de ton retour m’a convaincu que j’avais pris la bonne décision en organisant pour ce jour-là une balade avec mes enfants le plus loin possible des isoloirs.
Je savais que tu allais gagner ces élections au Tampon, c’était couru d’avance, la mémoire collective aidant et tu le sais, il te suffisait de la jouer bien démago là où il faut et toutes les pleureuses de l’île de se mettre à tes ordres.
Pathétique n’est il pas, mais tellement vrai, et nous le savons tous les deux.
Rien qu’une larme…
Si on m’avait dit qu’en allant voter pour toi ce jour-là, je m’assurais plus tard la prestation scénique, mais néanmoins désolante d’une vielle idole des jeunes que les moins de 75 ans ne peuvent pas connaître, c’est sûr que je n’y serais pas allé du tout, soyons honnête, si l’affaire Frédéric François et surtout son coût exorbitant avait été ne serait-ce que sous-entendue pendant ta campagne, tu en aurais été quitte pour te payer (à nos frais bien entendu) une retraite scandaleusement imméritée.
Mais bon, tu nous connais, pour ce genre de petits détails on est prêt à quelques sacrifices, que tu ne mérites pas un centime de tes pairs est une chose, mais face à l’urgence je vote pour ton repos, c’est mon côté fleur bleu, je sais… de rien, c’est un plaisir, quand même, merde !
Alors ce matin quand j’ai ouvert la lettre de la société Sudéau me demandant de lui fournir toute une page de renseignements personnels, RIB compris bien sûr, j’ai été un peu surpris tu comprends.
Là encore, je vais passer pour l’emmerdeur de service, mais quand je vois que l’un des détails les plus flagrants rencontré dans la grande majorité des arnaques, pardon, des affaires, non plus, des mascarades politico-industrio-financière, c’est justement la multiplication des intermédiaires, je suis alors en droit de me demander si Le Tampon ne serait pas en train d’essayer d’enfiler encore un peu plus ses administrés.
Qu’est-ce donc que cette nouvelle entreprise qui n’existait pas hier ?
Le syndrome du robinet !
Mon cher papa, que tu veuilles améliorer la qualité du réseau de distribution de l’eau au Tampon est appréciable, ne boudons pas le plaisir quand il se présente, mais sachons le consommer avec parcimonie, on ne sait jamais.
Oui donc, que tu t’actives enfin autour de ce petit problème de l’eau au Tampon est certes appréciable, mais tu oublies un peu vite, que même si cette fameuse mémoire collective tant à se dissoudre rapidement dans le temps, il est de ces choses que personne ne peut oublier, et en ce qui concerne ce petit problème d’eau, tu apparais un peu comme un expert dans l’embrouille, si ce n’est son initiateur, tu comprendra alors que sur ce sujet en particulier, la moindre de tes déclarations ou le moindre de tes actes, mérite (contrairement à tes émoluments) l’attention de ce peuple que tu es censé représenter.
Ah ce réseau que tu connais bien pour l’avoir méticuleusement ignoré dans la pratique pendant presque toute ta carrière politique, tout en l’utilisant dans la théorie pour tes campagnes.
Tu m’excusera auprès de ton copain de la société machin, mais je ne lui renverrai pas le document demandé, tu dois certainement avoir encore quelques amis à la Cise qui se feront un plaisir de tout te communiquer en parfaite illégalité et dans le parfait non-respect des lois, comme tu le fais si bien pour toutes ces petites tracasseries de la vie que tu gères pour toi, euh pour nous pardon, depuis que tu te tournes les pouces en politique.
Non je ne transmettrais pas un énième RIB, non je signerais pas un énième contrat et non je ne remplirai pas une énième fiche de renseignements personnels, parce que tu comprends, je fais parte de ceux qui ont les yeux ouverts et qui voient très bien que tout ceci n’est que fariboles pour occuper la scène.
Les robinets ont donc un modèle de fonctionnement qui semble parfaitement s’adapter aux exigences des politiciens, ils permettent aux fonds de couler à flots quand il s’agit d’aider ou de financer des projets ahurissants, hors de prix, inutiles ou ne servant finalement que quelques rares intérêts personnels et généralement proches de l’élu pilotant la vanne, et ont de grosses difficultés à assurer le débit minimum dès qu’il leur est demandé de faire leur travail pour la communauté… mais c’est toujours le même élu qui tourne… ou pas le clapet.
Je suis donc au regret, mon cher (très très très cher) papa, de t’annoncer que je ne cautionnerai pas cette nouvelle tentative de ta part de vouloir me prendre un peu plus de ce que je n’ai déjà plus, je te parle d’argent bien entendu.
Ne nous méprenons pas, tu ne me prendras jamais ni mon honneur ni ma fierté, d’abord parce que je ne te laisserais pas faire, mais surtout parce que je sais que ce n’est pas derrière ce genre de notions que tu cours, bien au contraire.
Et au passage, si tu croises les types d’EDF, dis-leur que j’attends toujours leur passage depuis Bejisa et que mon fil, qui tenait encore bien jusque là, va bientôt électrocuter tout le quartier, mais bon, cela ne fait que quelques années qu’ils sont au courant, ah ah, au courant… hm…
L’addition s’il vous plaît…
Ta petite famille est en train de se poser de sérieuses questions mon petit papa, tes enfants ont été extrêmement déçu par tes inactions et ton retour n’a pas été apprécié comme tu le voulais, tu le sais et comme moi tu sais aussi que tout ton système ne tient plus qu’à un fil, tu t’y accroches encore un peu, le temps de gratter au maximum ce que tu pourras.
Ce que tu ignores, ou plutôt, ce que tu voudrais nous faire croire que tu ignores, c’est que tout ce que tu es en train de gratter ne te servira à rien, et tu le sais, quand la roue tournera, tu deviendras transparent comme tout le monde, tu n’auras plus tes petits pouvoirs, tu seras un citoyen comme un autre, enfin non, pas toi en fait, tu ne deviendras jamais un citoyen comme un autre, tu as déjà été jugé et ta douloureuse t’attends là-haut.
-- (\_ _/) (='.'=) (")_(") Maître Maa